Bibliographie des œuvres de Jean Giono |
Premiers poèmes Ces poèmes sont reproduits dans le Bulletin de l'Association des amis de Jean Giono, no 2, Manosque, 1973. Accompagné de la flûte Ces poèmes sont reproduits dans le Bulletin de l'Association des amis de Jean Giono, no 3, Manosque, 1974. On en trouvera certains réédités dans le volume Dans l'odeur des collines. Écrits à l'époque où Giono est encore employé de banque, ces poèmes sont imprégnés d'un hellénisme bucolique, parfois un peu trop appliqué. On y trouve cependant déjà ces images qui marqueront le style de l'auteur. Images d'un jour de pluie, et autres récits de jeunesse Cet ouvrage comprend: Images d'un jour de pluie; Sur un galet de la mer; La lamentable aventure de Constance Phalk Bacalou; Élémir Bourges à Pierrevent. Angélique Ce texte fut écrit par Giono aux environs de sa vingtième année. Giono y joue avec les images d'un monde médiéval et avec les souvenirs de légendes qui le racontent avec autant d'affinité et de plaisir que plus tard avec les images du monde païen et les souvenirs d'églogues et d'idylles. A travers les unes et les autres, il avance à la recherche de son propre monde et de son propre style. (Henri Godard, Avant-propos) Naissance de l'Odyssée
"J'ai commencé par écrire Naissance de l'Odyssée dans une cave, parce que j'avais besoin de soleil. A ce moment là, moi qui aime la pluie, j'avais besoin de soleil, parce que j'écrivais dans une cave, qui était la Conservation des Titres de l'Agence du Comptoir d'Escompte à Marseille, sous la place Saint-Ferréol. Forcément, dans une cave à Marseille, on est obligé d'inventer le soleil" (Entretiens, p.143. Henri Godard note que ce texte a été écrit à Manosque). Colline
"En faisant Colline, j'ai voulu faire un roman, et je n'ai pas fait un roman: j'ai fait un poème !". (Entretiens, p.142) Un de Baumugnes
"J'aimerais, un jour, traiter précisément avec mon expérience actuelle, du problème de l'amitié. J'ai essayé maladroitement, de l'écrire dans Un de Baumugnes. Un de Baumugnes, pour moi, c'est plus une histoire d'amitié qu'une histoire d'amour". (Entretiens, p.161.) Le noyau d'abricot Extrait de la revue "Bifur" publié a l'occasion de l'exposition "Giono en livres d'art" presentée à Manosque en 1993. Regain
Comme Un de Baumugnes, Regain est l'histoire d'un amour et des virtualités qu'un homme porte en lui sans le savoir: parce qu'il aime, un être se sauve et sauve ceux qui l'entourent. (...) Le lyrisme de Giono est devenu plus sobre et plus mesuré. Les personnages de Regain sont d'authentiques paysans; le poète s'est davantage retenu de leur prêter sa voix et ses mots merveilleux. (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, Coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 113) Présentation de Pan Dans ce cours texte paru en marge du cycle de Pan (Colline, Un de Baumugnes, Regain), le récitant s'efforce de dévoiler les secrets de Pan. Transporté par l'ivresse dionysiaque, il célèbre cette force "qui ne choisit pas mais qui pèse d'un poids égal sur l'amandier qui veut fleurir, sur la chienne qui court sa course, et sur l'homme". (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, Coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 112) Manosque-des-Plateaux
Consacré par Giono à sa ville natale et au pays qui l'entoure, ce texte évoque ce monde de plateaux et de collines qui s'offre à la vue et à l'exploration dans la directrion des quatre points cardinaux. Premier d'une longue série de tableaux de la Provence telle que la voit Giono. (Gallimard, 1986, 4e de couverture) Poème de l'olive Ce texte évoque un moment de l'année dans la vie collective de Manosque et une de ses activités fondamentales: la cueillette des olives au début de l'hiver, puis le temps de la fabrication de l'huile. (Gallimard, 1986, 4e de couverture) Solitude de la pitié
Recueil qui contient les textes suivants: Le serpent d'étoiles
"Ces personnages sont plutôt faits avec moi-même qu'avec des bergers véritables. Je suis très gêné chaque fois qu'on me parle du Serpent d'étoiles. Je pense à l'époque où j'ai écrit ce livre, et je sais pourquoi je l'ai écrit. Je l'ai écrit parce que j'avais besoin de trois mille francs pour partir en vacances" (Entretiens, p.72). Le grand troupeau
"C'est un livre raté. C'est un livre qui est fait de morceaux d'anthologie, assez réussis les uns et les autres, mais qui ne donnent pas une unité au livre et dans lequel je n'ai pas donné ma véritable expérience de la guerre"; "J'ai été obligé de le réécrire quatre fois parce que le personnage du capitaine s'imposait, et que, malgré la guerre - j'avais à ma disposition toute l'artillerie de l'armée allemande pour le tuer - je ne réussissais pas à le tuer". (Entretiens, p.229 et 178) Jean le Bleu
"C'est ma vie intérieure que j'ai voulu décrire dans Jean le Bleu. Cette vie qui était essentiellement magique. Je ne pouvais pas la raconter autrement qu'en créant autour de moi les personnages qui n'existaient pas dans la réalité, mais qui étaient les personnages magiques de mon enfance". (Entretiens, p.81) Le Chant du monde
Giono chante les accords de la montagne et de la plaine, les travaux et les jours de leurs habitants (...) Autour d'un homme puissant et farouche, dégoûté de la vie depuis la mort du seul être qu'il aimait, se nouent des intrigues simples et brutales, à base de violence et d'amour. Celui de Clara pour Antonio éclaire ce pays rude, où les bêtes, seules, paraissent avoir droit à la pitié des hommes. (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, Coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 116) Que ma joie demeure
"Je n'aime pas Que ma joie demeure parce que les personnages, qui sont des personnages en dehors du social, sont en train de remuer dans ce livre des idées sociales"; "Le thème central, c'est la générosité sans limites"; "Ce que j'avais oublié d'indiquer dans Que ma joie demeure, c'est le côté féroce de la générosité, le côté vrille de la générosité, la générosité est une qualité ou une passion féroce et égoïste". (Entretiens, p.204, 205 et 206) Les premières pages. Les Vraies richesses
Dédiées "à ceux du Contadour", Les Vraies richesses traduisent en préceptes et en discours d'une éloquence qui se voudrait rationnelle ce qui, dans Que ma joie demeure, appartenait à la fable et à la prophétie. Giono rappelle dans la préface comment la vie lui a fournit une réponse aux questions que le roman avait suscitées, au sein de quel "magma panique" il a trouvé sa vérité. (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, Coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 117) Refus d'obéissance
Recueil de textes pacifistes comprenant: Je ne peux pas oublier (1934, paru dans la revue Europe), et quatre chapitres écartés du texte Le Grand troupeau: Montée à Verdun, Veille d'attaque devant Saint-Quentin, Quiconque donc me trouvera me tuera!, Bataille du Kemmel (1930-1931). "Je ne peux pas oublier", les premières pages. Batailles dans la montagne
C'est un roman d'action violente, comme Le Chant du monde: sauvetage, lutte contre les bêtes, exploits physiques, dangers. Batailles n'est presque à aucun degré un livre de joie: c'est un livre de la survie (...) C'est toujours, comme depuis Colline, un monde où la mal n'existe pas, ou très peu (...) Giono se montrera pénétrant quand, dans son journal, il décelera dans Batailles le signe d'un renouveau de l'épopée. C'est bien de cela qu'il s'agit. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.252-256) Le poids du ciel
Trois essais composent cet ouvrage: Danse des âmes modernes, Les Grandeurs libres, Beauté de l'individu. Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix (Vivre libre I) Cette plaquette appartient à la prédication pacifiste de Giono, écrivain engagé dans la lutte contre la guerre menaçante. Giono parle aux paysans de leur grandeur et de leur mission, qui consiste à tuer la guerre (...) Réquisitoire contre la révolution industrielle, l'impérialisme de l'argent et des techniques, qui ont détruit la liberté et la joie de vivre, la lettre de Giono invite les paysans à détruire de leurs propres mains l'ordre inhumain d'une civilisation qui les pousse à l'abattoir. (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 119-120) Précisions (Vivre libre II) Dans cette deuxième Lettre sur la paix, Giono polémique avec ses anciens compagnons d'extrême-gauche qui sont passés, en quelques années ou en quelques semaines, en fonction des évolutions de l'U.R.S.S., du pacifisme inconditionnel à la croisade antifasciste. Il a appelé de ses voeux et il approuve l'accord de Munich au nom du principe: "Il vaut mieux être vivant que mort." (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 120) Recherche de la pureté Le plus saisissant des textes pacifistes de Giono. Il s'ouvre comme un défi: "Quand on a pas assez de courage pour être pacifiste, on est guerrier." Et, après une évocation hallucinante de la dysentrie à Verdun, et celle de la décimation des mutins en 1917 (il a inventé qu'il y avait assisté) le texte se ferme - Giono ignore qu'il écrit là ses dernières lignes de combat pour la paix - sur la mort du "pacifique". (Citron, Pierre. Giono. Paris: Seuil, coll. écrivains de toujours, 1995, p.72) Pour saluer Melville
A l'origine de ce livre écrit à sa sortie de prison, Giono pensait à une préface au Moby Dick de Melville qu'il venait de traduire avec Lucien Jacques et Joan Smith. Mais cette préface va bifurquer sur un véritable roman. L'action en est très simple. Melville, bourlingueur, aventurier, romancier, va à Londres pour se faire éditer. Cela, c'est authentique. Mais ici commence l'invention (...) Les rêves et les réflexions qui ont traversé Giono en prison prennent ici leur essor (...) Giono, enfermé, pense au paysage le plus ouvert qui soit: l'océan. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p. 327) Triomphe de la vie (supplément aux Vraies richesses)
Triomphe de la vie se présente comme un supplément aux Vraies richesses. Les mythes lancés à contre-courant par Giono - retour à la terre, artisanat, promotion de la jeunesse - viennent de triompher, mais Giono ne peut que rabâcher à leur sujet ce qu'il n'a cessé d'écrire depuis dix ans. D'où une impression de déjà lu, des redites qui ne vont pas sans lassitude. Le livre, trop bien accueilli par la presse de l'occupation, devait être imputé à crime à Giono au lendemain de la Libération. (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 121) L'eau vive Recueil de textes de différentes époques (poèmes en prose, descriptions et paysages, textes de circonstance, fragments de romans inachevés). Le voyageur immobile, le texte intégral. Le Voyage en calèche
Sous-titré "Divertissement romantique en trois actes". Théâtre
Contient les pièces suivantes: Virgile ou les Palais de l'Atlantide
Jean Giono a écrit ce livre pendant la seconde guerre mondiale, pour préfacer un choix de traductions de Virgile. Avec lui, il ne faut s'attendre à rien de conventionnel: comme dans Le Désastre de Pavie ou d'autres essais historiques, c'est d'une réflexion générale sur notre société qu'il s'agit, Virgile étant un point de départ. Bien sûr, Giono raconte la vie de Virgile, mais parle aussi de lui-même. De la Provence de sa jeunesse, où « il était à ce moment là très facile de vivre à l'air libre », puis, plusieurs années plus tard, à l'occasion d'une conversation avec des amis « au milieu du chemin de leur vie » (car, parlant de Virgile, il n'oublie pas Dante), de ce qu'est devenu « le temps des bergers ». Fragments d'un paradis (Les Anges)
"Brusquement ce matin je suis aux prises avec l'idée d'écrire un très grand et très sordide poème avec Fragments d'un paradis, grand voyage en mer, journal de bord, et épisodes, aventures particulières ? Catalogue des richesses, amertume. Une condition humaine, mais avec des formules artistiques de Renaissance (...) Impuissance des hommes. Vanité de tous leurs moyens de puissance, de toute leur volonté de puissance. Il faudrait que ce soit un grand poème". (Giono, Journal, 17 février 1944, cité par Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p. 369) "Ce texte de «Fragments d'un paradis» a été dicté du 6 au 10 août 1940. Ce récit à tous égards singulier dans l'oeuvre de Giono, a bien été dicté (...) L'entreprise date du printemps 1944 et dura non cinq jours, mais un peu plus de deux mois. En expérimentant cette méthode, Giono voulait se donner un premier texte qu'il comptait retravailler par la suite. En réalité, les circonstances le lui firent publier tel quel (...) Giono montre, en le qualifiant de poème, l'importance qu'il y attache, et de fait, par delà quelques facilités qu'il s'est données pour faire vite, c'est bien à un jeu d'imaginaire et de langage qu'il se livre ici, autour de cet aspect sous lequel le monde n'était pas encore apparu dans son oeuvre: la mer. (Note de l'éditeur, Gallimard, coll.L'Imaginaire) Angélo
Angélo, premier état d'un travail qui devait durer huit ans, permet d'observer, presque à l'état naissant, les personnages de Jean Giono, au fur et à mesure que leur auteur les "lance" dans le monde. Tel un expérimentateur, le romancier étudie le comportement de ses héros; il éprouve leurs réactions, particulièrement au contact des évènements, des hommes et surtout des femmes (...) C'est un roman picaresque, enlevé comme une charge, où l'on voit Angelo dans les bois de pins avec un air de contentement extrême. (Pierre de Boisdeffre. Giono. Gallimard, coll. La Bibliothèque idéale, 1965, p. 132) Mort d'un personnage Mort d'un personnage, le plus court des romans que Giono ait encore écrit, est aussi un des plus beaux. Il repose sur d'admirables manques, des vides de rêve (...) Le livre est construit selon un amenuisement progressif, de l'énorme grouillement initial de Marseille à l'évocation du petit cercle autour du fils de Pauline, à l'épisode où l'héroïne se dépouille de sa fortune, jusqu'à sa mort, à laquelle n'assiste que son petit-fils. Il va decrescendo, et s'éteint comme Pauline elle-même. Mais cette dissolution n'engendre ni désespoir ni amertume. (...) Sur cette figure de jeune femme vient se greffer, pour former le personnage, la vieille Pauline Giono, âgée de 88 ans, déclinante, aveugle depuis plusieurs années, et dont le fils sait qu'elle va mourir (...) Il va écrire sa vieillesse et sa mort alors qu'elle vit encore, et lui rendre hommage en la fixant, transfigurée, dans son oeuvre. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p. 397-398) Un roi sans divertissement
Un roi sans divertissement sera un contre-pied des Vraies richesses, et rien ne marque mieux la distance que Giono prend avec son oeuvre d'avant la guerre (...) Giono n'explique pas. Le texte, un des plus difficile qu'il ait écrit, doit être interprété, presque décrypté. En fait, Langlois [le personnage principal] s'est tué parce qu'il a découvert qu'il était semblable à M. V. [l'assassin], lequel était un homme comme les autres; que lui, Langlois, était donc capable, pour échapper à l'ennui, des mêmes horreurs que tous les autres (...) Un roi sans divertissement est le roman du mal, de la violence qui existe au fond de tout homme et est parfois le seul remède au vide de l'existence. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.403-405) Noé
L'idée centrale est dans le titre et dans l'épigraphe, tirée du poème de l'hiver 1944-1945, "Un déluge": il n'y avait pas d'arche, et toute la création était dans le coeur de Noé, symbole de l'écrivain qui porte en lui toutes ses créatures. La seule réalité est intérieure et magique, et Giono, qui en rend compte, est donc un réaliste, il le dit avec humour, parce qu'il est un inventeur. Il le proclame dès la première page: «Rien n'est vrai. Même pas moi; ni les miens, ni mes amis. Tout est faux. Maintenant, allons-y. Ici commence Noé.» (...) Ce n'est pas le roman du romancier en train d'écrire un roman. Ici seul le romancier, au fond, existe, et son roman n'existe pas: il n'est pas racontable. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.410-411) Faust au village
Recueil de sept courts récits: Les Âmes fortes
Les Âmes fortes prolongent les récits de Faust au village. Là non plus, ni Giono ni aucun narrateur neutre ne prend la parole: seuls s'expriment les personnages (...) A travers des dialogues extraordinairement vivants, naturels et incisifs, perce une vue de l'humanité qui n'a jamais été aussi noire chez Giono. Un peu parce que les "veilleuses", qui n'éprouvent aucun chagrin et ne sont là, sous couvert de satisfaire à un rite, que pour passer une nuit à bavarder, boire et manger. Mais surtout parce que leur égoïsme et leur âpreté au gain, dans le récit de la mort d'une mère puis du partage de l'héritage, atteignent des sommets. Pour des intérêts dérisoires d'ailleurs, ce qui rend burlesque cette rapacité et cette inconscience (...) Les Âmes fortes, un des plus grands romans de Giono, «un des grands chef-d'oeuvre du roman moderne» de l'avis de Michel Raimond sont une oeuvre aussi peu stendhalienne que possible, à la fois touffue, compacte, trouble, contradictoire et violemment burinée: un livre à l'eau-forte. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.429 et 432) Village Illustré par Edith Berger. Les Grands chemins
Le récit, qui sonne très "parlé", est mis dans la bouche d'un conteur unique, dont la langue est vive, imagée, populaire comme celle des "veilleuses" des Âmes fortes, mais souvent plus argotique que la leur, et où Giono laisse bien rarement passer des phrases qui sonnent comme étant de lui et non de son personnage (...) La route, l'amitié, le jeu, le mensonge, des thèmes familiers à Giono (...) Plusieurs lignées se croisent ici. Celle des Âmes fortes: l'accent est mis sur le mensonge; et le récit se ferme sur un meurtre justifié et impuni, suivi d'un instant de bonheur. Deuxième tradition: les picaresques, car le héros est un vaurien qui court l'aventure sur les routes. En troisième lieu, les romans américains. Le Hussard sur le toit
A travers tout le Midi, le choléra frappe et se propage. C'est le troisième cataclysme de l'oeuvre de Giono, après la guerre de 14 du Grand troupeau et l'inondation de Batailles dans la montagne (...) Le choléra est une figure de la guerre, catastrophe contre laquelle sont impuissants ceux qui y sont entraînés; et plus généralement c'est une figure du mal (...) Dans sa cocasserie insolite, le titre colore le livre d'une nuance d'ironie énigmatique, comme pour faire contrepoids à l'horreur accablante du choléra. Mais il dissimule ainsi, par pudeur, la vrai nature de ce brillant roman d'aventure: la dimension épique (...) Sagesse narquoise, voilà un des points qui différencient le Giono du Hussard de celui d'avant la guerre. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.399, 445 et 446) Deux cavaliers de l'orage
Un tournant dans l'oeuvre de Giono (...) Lui qui peu d'années auparavant allait vers l'abondance, il découvre les vertus de la densité, de la concision, de la rapidité, de ce que R. Ricatte appelle si heureusement l'ascétisme narratif (...) Le roman baigne dans le sang. C'est dans Deux cavaliers que se trouve la première grande tirade sur le sang qu'ait écrite Giono: «Il faudrait avoir un homme qui saigne et le montrer dans les foires. Le sang est le plus beau théâtre (...). On voit des choses extraordinaires dans le sang. Tu n'as qu'à faire une source de sang, tu verras qu'ils viendront tous». (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.303-305) Entretiens avec Jean Amrouche et Taos Amrouche Transcription complète des vingt-deux entretiens réalisés par Jean Amrouche avec Jean Giono en 1952. Ces entretiens furent diffusés par la Radiodiffusion française de février à juin, puis d'octobre à décembre 1953, et repris en juillet et août 1987. Le Moulin de Pologne
Un curieux livre, qui par plusieurs aspects tranche sur le reste de l'oeuvre. Des épigraphes à chaque chapitre, un récit écrit par le narrateur, à peu près pas de paysage, peu de dialogues (...) C'est chez Giono le seul narrateur de ce type, le seul qui dégage une impression de malaise (...) La démesure est ici celle du destin, non des êtres (...) Tout se passe comme si Giono avait cherché à ajuster ensemble des éléments trop hétérogènes pour n'être pas incompatibles. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.437-438) Le Voyage en Italie
Rien d'un guide - ou alors pour une tournée en Gionie et non en Italie. Rien d'un journal de voyage consciencieux. Giono n'évite pas les monuments, mais ne regarde que ceux qui lui parlent. En soixante pages sur Venise, il ne mentionne ni Titien ni Tintoret. Plus souvent, ses yeux vont vers les gens: physionomies, gestes, allures, habillement de chacun ou atmosphère de la foule, des boutiques, des cafés. Bref vers la vie quotidienne que gouverne un art de vivre. Il s'invente des amis inexistants. Il joue à s'acheter des maisons. Il part en digression vers l'Écosse ou ailleurs. Il raconte au naturel, fuyant l'emphase et les idées. S'il joue une comédie, c'est celle d'une désinvolture qui n'est pas détachement mais plaisir d'une sagesse où le caprice a sa part, où l'on s'intéresse à la passion sans se laisser blesser par elle. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.463) L'homme qui plantait des arbres
Avec L'homme qui plantait des arbres, Giono a écrit un de ses rares récits qui soit intégralement optimiste et moral d'un bout à l'autre. Mais, s'il a dû sourire en lui-même de cette fable d'un optimisme un peu facile, elle correspondait pourtant à un amour réel des plantations d'arbres: le thème existe dès 1923 dans Sur un galet de la mer, puis dans Manosque-des-Plateaux, dans Que ma joie demeure, dans Les Vraies Richesses. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.487-488) Notes sur l'affaire Dominici, suivies d'un Essai sur le caractère des personnages
Giono s'intéresse depuis longtemps à l'institution judiciaire (...) Il pense qu'une des missions de l'écrivain est de traquer l'injustice (...) Aussi accepte-t-il quand André Parinaud, directeur de l'hebdomadaire Arts, lui demande de couvrir le procès, qui va s'ouvrir aux Assises de Dignes (...) L'affaire Dominici, dans la trajectoire de Giono, se situe sur la ligne qui va d'Un roi sans divertissement à Ennemonde: celle d'un univers où la réalité est tout naturellement monstrueuse. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.489-491) Le Bonheur fou
Le Bonheur fou, c'est celui qu'éprouve Angélo Pardi, le héros du Hussard sur le toit, à faire la révolution italienne en 1948. Angélo se promène à travers la révolution comme il se promenait naguère à travers le choléra de Provence. La guerre lui procure les sentiments les plus délicieux (...) Des amours très brèves, de longues marches à pied ou à cheval, d'innombrables rencontres avec une foule de personnages d'une extraordinaire vérité, sont les évènements de ce roman aux dimensions tolstoïennes, écrit dans la langue la plus rapide au monde. (Édition Folio, 4e de couverture) Hortense ou l'Eau vive Drame paysan écrit par Jean Giono en collaboration avec Alain Allioux, dans lequel le cours détourné des eaux de la Durance guide sans cesse l'action à l'image de la fatalité dans le développement d'une tragédie antique. Le récit Hortense est le préambule au film de François Villiers, L'eau vive. Théâtre II Contient Domitien, suivi de Joseph à Dothan, adaptation libre d'une tragédie du poète hollandais Joost van den Vondel. En septembre 1951, on demande à Giono d'adapter en français une tragédie biblique, écrite en vers en 1640 par le grand dramaturge Joost van den Vondel, Joseph à Dothan. (...) Giono a dû entrevoir en Joseph une figure de lui-même. C'est un rêveur, le mot revient à plusieurs reprises: "rêveur", "rabâcheur de rêves". (...) L'oeuvre est jouée le 29 juillet 1952, et accueillie courtoisement, sans plus. Giono n'y est pour rien. Il tient d'ailleurs à s'en laver les mains: on n'a pas tenu compte de ses suggestions, jouer en costumes modernes, notamment. Il a fait avec probité ce qui lui était demandé. Le Désastre de Pavie Gaston Gallimard a demandé à Giono s'il ne serait pas disposé à écrire un des volumes de la collection "Trente journées qui ont fait la France". (...) Le réel lui est ici imposé: ce n'est que par la manière de la dire qu'il lui faudra être lui-même (...) Il va volontairement à contre-courant des tendances historiques de son époque (...) il ne soucie pas, ou très indirectement, du contexte économique, ni de politique au sens étroit du terme. Il n'évoque pas l'ensemble du pays ni de l'Europe. Il ne fait pas de synthèse. Il ne veut pas avoir d'idées générales (...) Giono met son lecteur au contact direct des hommes et des passions d'autrefois, sans l'intermédiaire de théories quelconques: pour lui les idées embrument trop souvent et faussent le réel. Il préfère le récit qui suit les êtres pas à pas, au jour le jour (...) Il fait non un livre d'histoire mais une chronique. Le Désastre de Pavie est un peu pour lui un prolongement de ses Chroniques romanesques (...) Le Désastre de Pavie, bien qu'un peu à l'écart dans l'oeuvre de Giono, n'en est pas moins une réussite, ne serait-ce que par la totale maîtrise du récit et du style. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.521-526) Les Terrasses de l'île d'Elbe
Recueil de chroniques parues initiallement dans des journaux. Le recueil comprend: Le Bestiaire De 1956 à 1958, Giono écrit une série de 17 petits textes humoristiques consacrés à des animaux fictifs (...) Quant aux animaux réels, ils reparaissent en 1960 dans Camargue, mi-essai mi-récit: plusieurs pages y sont consacrées à tous les animaux de la Camargue (...) Dans Le Bestiaire, Giono s'est en outre diverti en joignant à chacun de ces textes d'ironie lyrique, comme il dit, une série de dix "marginalia" qui n'ont en réalité aucun rapport avec le texte. Ce sont des citations inventées, tirées d'auteurs tantôt réels tantôt fictifs. (Pierre Citron. Giono. Éditions du Seuil, 1990, p.500-501) Les Trois arbres de Palzem Recueil de textes parus dans des périodiques. Le recueil comprend les textes suivants: Les Récits de la demi-brigade
Recueil de nouvelles qui comprend six textes: Le Déserteur et autres récits
Recueil qui comprend quatre textes: Ennemonde et autres caractères
«C'est un simple récit qui développe certains caractères entourés de leurs paysages. Clé-des-coeurs avait passé furtivement à travers les Deux cavaliers de l'orage. Ici il aime et il meurt en gloire. Ennemonde connaîtra le plaisir après un crime parfait. Elle vit toujours, vieille, énorme, mais très propre et elle écoute s'il pleut. D'autres personnages arrangent leurs vies (et également leurs amours) avec des arbres, des abeilles sauvages, des sables, des boeufs, des serpentaires (des secrétaires ou, si on préfère, des huppes). Seul l'amateur de pièces d'or est emporté par deux chiens». (J. Giono, jaquette) Coeurs, passions, caractères
Ces textes correspondent aux caractères annoncés par Ennemonde et autres caractères. On y découvre les exercices, les essais, les élans interrompus d'une imagination de pur romancier. Comme pour les deux romans inachevés, les circonstances ont laissé cette série de Caractères en marge de l'oeuvre. Mais une chose est certaine: partout, même dans ceux qui ne sont qu'un premier jet, le plaisir romanesque est immédiatement présent. (Henri Godard, Avant- propos) Les Héraclides Recueil de chroniques parues initiallement dans le Dauphiné libéré dans les années 60. Le recueil comprend: Le Cheval fou: "Le Chant du monde" Adaptation scénique de Jean-Pierre Grenier Provence
Recueil de textes divers portant sur la Provence. Le recueil comprend les trente-deux textes suivants: "Je ne connais pas la provence...", le texte intégral. Le coeur-cerf Comprend: Le coeur-cerf, La chute des anges, Un déluge. L'Iris de suse
"L'iris de Suse n'a jamais été une fleur (il n'y a pas d'iris à Suse); c'était en réalité un crochet de lapis-lazuli qui fermait les portes de bronze du palais d'Artaxerxès (voir Mme Dieulafoy). La chasse au bonheur
Recueil de chroniques parues initiallement dans des journaux entre 1966 et 1970, à une exception près. Ce recueil comprend: Il n'y avait plus qu'à marcher (Texte pour Jean Garcia) Réimpression, avec un découpage typographique abusif, d'une chronique journalistique en prose parue dans Le Provençal-Dimanche du 25 décembre 1960. Le titre n'est pas de Giono. (Pierre Citron In Jean Giono. Journal. Poèmes. Essais. Gallimard, coll. La Pléiade, 1995. p. 1307, note 1) Le petit garcon qui avait envie d'espace
Dans l'odeur des collines. De l'Olympe à Manosque
Ce volume, illustré de calligraphies de Roger Druet, propose des poèmes de jeunesse parus dans Accompagné de la flûte et dans la revue La Criée dans les années 20, ainsi que trois textes plus récents: Préambule pour Accompagné de la flûte (1959), Routes et chemins (1962) et Manosque (1957).
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Suite de la bibliographie
(Cahiers Giono et correspondance)
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B.Poirier, 2000.